(English will follow) À l’instar de l’Alberta où des consultations ont eu lieu en juin dernier sur le rehaussement du salaire minimum à 15 $ de l’heure, certaines provinces se questionnent également sur la question.

Les partisans du rehaussement du salaire minimum soutiennent que ce dernier ne permet pas à un travailleur de sortir de la précarité financière. À l’opposé, les partisans du libre marché argumentent que « l’employeur n’accepte d’embaucher un travailleur que s’il rapporte plus qu’il ne coûte »[1]. Pour ces défenseurs du salaire minimum actuel, une augmentation drastique aurait pour effet d’augmenter le chômage : pour une masse salariale équivalente, les employeurs embaucheraient alors moins de personnel, mais viseraient plutôt encore davantage la productivité.

Peu importe l’opinion, il est à craindre que l’évaluation de l’impact d’un maintien ou d’un rehaussement du salaire minimum sur les franges plus marginalisées de la population ne soient pas prise en compte dans le débat. Par exemple, quels pourraient être les impacts envisageables de ces deux options sur les personnes en situation de handicap?

D’un côté, s’il est démontré que le salaire minimum actuel ne permet pas de se sortir de la pauvreté, cette constatation sera d’autant plus vraie pour une personne en situation de handicap. Par exemple, souvent contrainte à travailler à temps partiel en raison de son niveau de fatigabilité, la personne en situation de handicap dispose plus souvent qu’autrement d’un revenu inférieur à une personne possédant la capacité de travailler à temps complet. De plus, bien qu’elle bénéficie de plusieurs services qui sont couverts par l’État, il n’en demeure pas moins qu’elle doive assumer elle-même certains coûts liés à sa situation. Ces coûts viennent alors amputer encore davantage ses revenus. Une situation qui peut la décourager à se chercher un emploi, si  ce qui lui reste dans ses poches, au final, est inférieur à l’aide financière reçue du gouvernement,  lorsqu’elle est sans emploi.

D’un autre côté, si le rehaussement élevé du salaire minimum crée un taux de chômage plus élevé, nous pouvons supposer qu’il sera encore plus difficile pour une personne en situation de handicap ou issue d’un groupe marginalisé d’accéder à l’emploi. Dans un marché où il y a moins d’emplois, où la compétition est plus forte, les employeurs pourraient être tentés d’embaucher les personnes qu’ils croient les plus productives. Ce qui, en raison des nombreux stéréotypes existants, pourrait défavoriser encore davantage ces bassins de candidats.

Quelles solutions pourraient faire en sorte que, pour l’une ou l’autre des options, les personnes en situation de handicap et les groupes marginalisés en emploi ne soient pas perdants? Collectivement, est-ce que nous pouvons nous priver de l’apport de personnes de talents? Quelles sont les conséquences sur la société considérant qu’une tranche de la population ne peut bénéficier d’un accès égal au marché de l’emploi? Bref, la question continuera de faire couler beaucoup d’encre. Peu importe notre vision, il demeure primordial de ne pas voir les personnes travaillant au salaire minimum comme faisant partie d’un groupe homogène. L’analyse des impacts du maintien ou du rehaussement du salaire minimum doit nécessairement se faire en tenant compte de la diversité des personnes touchées, afin d’avoir un portrait juste de la situation!

[1] Institut économique de Montréal, Elgrably N. Les notes économiques, Le salaire minimum et la flexibilité du marché du travail, décembre 2006, page1. http://www.iedm.org/fr/557-le-salaire-minimum-et-la-flexibilite-du-marche-du-travail

Une collaboration d’Audrey Tardif, agente de projets, SPHERE.

Crédits: Thinkstock

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Alberta held public consultations last June about raising the minimum wage to $15.00 per hour, leading some provinces to consider the issue.

Advocates for increasing the minimum wage claim the current rate ensures financial instability for workers. In contrast, free market proponents argue that “the employer agrees to hire a worker who brings in more than he costs”[1]. They argue a drastic increase would lead to more unemployment because employers would hire fewer people, demanding an increase in worker productivity instead.

What is lost in the debate over maintaining or increasing the minimum wage is the impact on the most marginalized sections of the population. For example, how will the two scenarios affect people with disabilities?

On the one hand, if the current minimum wage means workers cannot escape poverty, it will be even more true for people with disabilities. For example, a person with a disability usually earns less than a person with the ability to work full-time, because they are forced to work part-time due to their fatigue level. Furthermore, although the person receives government services, they still must bear certain costs related to their situation. These costs further reduce their income. It can be discouraging looking for a job, knowing that what remains in one’s pocket at the end of the day is lower than the unemployment assistance available from the government.

On the other hand, if raising the minimum wage increases the unemployment rate, we can assume that it will be even harder for people with disabilities or marginalized groups to find a job. In a market with fewer jobs and more competition, employers may be tempted to hire people they believe are the most productive. It could disadvantage even further candidates with limitations, because of many existing stereotypes.

What solutions can ensure, no matter the wage, people with disabilities and marginalized groups don’t lose out in the job market? Can we afford to limit talented people’s contribution? How is a society impacted when a portion of the population does not have equal access to the job market? In short, the issue will crop up again and again. Whatever our vision, it’s critical we don’t view minimum wage earners as being part of a homogeneous group. An impact analysis of maintaining or raising the minimum wage must take into account the diversity of people affected. It’s the only way to get an accurate picture of the situation!

[1] Montreal Economic Institue, Elgrably N. Economic Note on the impact of institutional constraints on the labour market, The minimum wage and labour market flexibility December 2006, page1. http://www.iedm.org/257-the-minimum-wage-and-labour-market-flexibility

A contribution of Audrey Tarfis, Project Officer, SPHERE.

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