(English follows) – Ce titre vous titille? Vous fait grincer des dents? Qu’y voyez-vous?

Dans le monde de l’emploi et partout d’ailleurs, le mot « handicapé », selon la façon dont il est utilisé, peut parfois avoir une connotation négative. Comme si on l’associait directement à un « échec » social prédéterminé.

Dans ce contexte, si vous vivez une situation de handicap, qu’aurez-vous tendance à faire avec votre employeur? Si votre handicap n’est pas visible, vous aurez peut-être tendance à le passer sous silence pour ne pas vous « nuire » inutilement. Peut-être même que vous n’oserez tout simplement pas vous considérer comme une personne handicapée.

Car, si l’on y regarde de plus près, que considèrent les gens comme un handicap? Règle générale, pour monsieur et madame Tout-le-Monde, on pense immédiatement aux handicaps « apparents » ou qui sont davantage médiatisés : les handicaps physiques, l’autisme, la déficience intellectuelle, certains troubles de santé mentale. Mais il semble toujours (et malheureusement) persister une méconnaissance et un tabou autour des handicaps davantage « invisibles ». Ces handicaps qui mériteraient que nous nous y attardions davantage, car ils ont un impact tout aussi grand dans la vie professionnelle d’un individu.

En fait, le message à véhiculer devrait être que, dès lors qu’un problème de santé physique ou mental existe, persistant ou non, et cause des situations handicapantes pour une personne, cela devient alors un handicap (ou tout autre mot utilisé dans le jargon des professionnels, fusse-t-il « limitation », « obstacle » ou autre).

Mais qui sont ces individus aux handicaps invisibles? Saviez-vous…

  • Que votre voisine d’en face, qui se remet d’un traitement de chimiothérapie, vivra avec des séquelles cognitives à vie?
  • Que votre épicier du coin a bifurqué, sans même le savoir, pour l’entrepreneuriat, en raison de ses troubles d’apprentissage non diagnostiqués?
  • Que votre collègue suit un traitement à vie pour le VIH qui lui occasionne une panoplie de troubles métaboliques?
  • Que l’éducatrice de votre enfant, elle-même réfugiée, doit composer chaque jour avec les séquelles d’un choc post-traumatique?
  • Que votre conseiller en matériaux à la quincaillerie, qui a dû faire un retour sur le marché du travail à sa retraite, vit avec une tumeur bénigne qui le fait parfois souffrir d’épilepsie?

Et nous pourrions continuer encore longtemps : nous aurions pu citer les troubles du rythme cardiaque, les troubles musculo-squelettiques, les maladies chroniques comme le diabète, les troubles inflammatoires de l’intestin, le déficit de l’attention, etc.… et bien entendu les combinaisons de handicaps, l’un entraînant parfois l’autre. Par exemple, on peut penser à un trouble d’apprentissage non diagnostiqué, couplé à un déficit de l’attention, qui mènent à des problèmes de santé mentale, à de mauvaises habitudes de vie et à des maladies chroniques…

Alors, qui n’a jamais souffert d’un handicap? Pouvons-nous voir les choses autrement? Seriez-vous toujours gêné de dire que nous avons tous vécu, y compris vous, à un moment ou un autre, un épisode de handicap?

En 2011, l’OMS estimait à 15 % de la population mondiale le nombre de personnes vivant avec un handicap : 15 %, ce n’est quand même pas rien. Et le Rapport mondial sur le handicap produit par l’organisme cette année-là prédisait déjà une augmentation de ce nombre, compte tenu de la population mondiale vieillissante et de l’état de santé général des populations qui subissent une augmentation des maladies chroniques ainsi que des problèmes de santé mentale.[1]

Est-ce que le handicap devrait prédéterminer pour autant le succès ou l’échec? Non. Ce qui prédétermine l’échec c’est le regard posé sur l’autre. Pas le handicap. Car celui-ci peut être enjambé si les bonnes adaptations en emploi sont rendues possibles. Tel que commenté sur la page LinkedIn du groupe « Disability Advocates » par Marianne Zirkle, conseillère en emploi chez Independence First (Milwaukee), « Le talent ne connaît pas de limites ». Créons des milieux de travail accueillants pour tous, y compris vous-même, peut-être, un jour…

[1] Rapport mondial sur le handicap. Organisation mondiale de la Santé, 2011 (http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/70671/1/WHO_NMH_VIP_11.02_fre.pdf), consulté le 19 octobre 2015.

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Does the title bother you? Make you mad? What do you see in this title?

In the employment world and everywhere else, the word « handicapped », depending on how it’s used, can sometimes sound negative. We associate it with some kind of predetermined social « failure ».

Living with a disability in this context, how do you handle your employer? If your disability is not visible, you may be inclined to keep it secret in case it works against you. Perhaps you will never consider yourself a disabled person.

Upon closer examination, what do people consider a handicap? Generally, most of us will immediately think of « visible » disabilities or the ones that have more media coverage: physical disabilities, autism, cognitive impairment and some mental health disorders. But ignorance and taboo still seems to persist around “invisible » disabilities. These disabilities deserve greater focus, because they have just as big an impact on a person’s professional life.

In fact, the message we should convey is the following: when a physical or mental health problem exists, persistent or not, and causes disabling situations, then it becomes a disability (or any other professional jargon, such as « limitation », « barrier », etc.).

Who are the people with invisible disabilities? Did you know…

  • That your neighbor across the street, recovering from chemotherapy, will live with cognitive repercussions for the rest of her life?
  • That your local grocer switched to entrepreneurship, without even knowing, due to his undiagnosed learning disabilities?
  • That your colleague follows a lifelong HIV treatment plan and it causes him a range of metabolic disorders?
  • That your child’s educator, a refugee, must deal every day with the effects of post-traumatic stress disorder?
  • That the sales clerk at the hardware store, who had to return to the labor market after he retired, has a benign tumor that triggers epilepsy?

We could go on and on. We could have mentioned heart rhythm problems, musculoskeletal disorders, chronic diseases such as diabetes, inflammatory bowel disorders, attention deficit, etc. and of course a combination of disabilities, sometimes one causing another, for example an undiagnosed learning disability coupled with an attention deficit leading to mental health issues, poor living habits and chronic diseases.

So who has never suffered from a disability? Can we see things differently? Would you still be embarrassed to say that we have lived, all of us, at one time or another with a disability?

In 2011, the World Health Organization (WHO) estimated 15% of the world population was living with a disability. 15%, that’s no small matter. The World Report on Disability produced the same year by WHO predicted an increase of the number due to an aging global population and because of the global increase in chronic health conditions and mental health issues.[1]

Should a handicap ever predetermine success or failure? No. What predetermines failure is the way we view people, not the handicap. We can overcome the handicap if the right adjustments are made available on the job. As stated by Marianne Zirkle, an employment consultant at Independence First (Milwaukee, USA) on the Disability Advocates Group’s LinkedIn page, “Skill shows no limit”. Let us create welcoming workplaces for everyone, which can mean all of us one day…

[1] World Report on Disability. World Health Organization, 2011 (http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/70670/1/WHO_NMH_VIP_11.01_eng.pdf), Accessed October 19, 2015.