(English will follow) – Depuis une vingtaine d’années, les transformations structurelles de l’économie, les nouvelles méthodes de communication qui amènent des changements à vitesse grand V et la hausse du nombre de diplômés d’études supérieures ont créé de nouvelles formes d’organisation du travail, de la production et transformé le marché de l’emploi[1]. Nous avons vu l’emploi atypique gagner en popularité : emplois contractuels à durée déterminée, intérims, travail à temps partiel, cumul d’emplois, travail autonome et stages.

Cette organisation du travail peut être une source d’insécurité pour les individus qui doivent apprendre à vivre avec des conditions économiques précaires, des changements fréquents de travail, des périodes de chômage, peu d’avantages sociaux et une moindre sécurité du revenu. Ceci en particulier pour les personnes qui font face à des défis professionnels en raison de leur condition physique, mentale ou intellectuelle.

En plus des difficultés liées à leur intégration en emploi, l’insécurité liée à l’emploi atypique peut générer chez ces personnes une anxiété supplémentaire. Le choix de travailler pour une agence de personnel pourrait aussi créer une forme d’exclusion pour le travailleur : il est possible qu’il ne puisse bénéficier d’une même possibilité de socialiser avec le personnel que dans un emploi permanent. De plus, son statut d’emploi pourrait faire en sorte qu’il soit traité par ses collègues comme étant « de seconde classe ». [2] Ajoutons à cela des employeurs de plus en plus exigeants quant aux compétences de leurs recrues, ainsi que la compétition entre chercheurs d’emploi qui se fait de plus en plus féroce, et les obstacles semblent de taille.

Face à ces défis, les personnes en situation de handicap pourraient avoir besoin d’un soutien adapté pour leur recherche et leur intégration en emploi : soit en matière de suivi psychologique, ou encore en matière d’accompagnement pour redoubler d’énergie à faire valoir, encore plus que d’autres candidats, leurs compétences et leur force de travailleur.

Cependant, l’emploi atypique ne doit pas automatiquement être perçu comme un obstacle à l’insertion et au maintien en emploi des personnes en situation de handicap professionnel. Au contraire, le profil de ces emplois pourrait aussi correspondre davantage aux besoins et particularités de celles-ci. Par exemple, un individu qui aurait tendance à se fatiguer plus facilement qu’un autre pourrait être plus efficace et fonctionnel dans un travail à temps partiel. Le travail autonome ou le travail à domicile pourrait également représenter des options intéressantes pour certaines personnes qui ont des limitations physiques.

De plus, pour les personnes capables de surmonter les côtés négatifs de l’emploi atypique, qu’elles soient en situation de handicap ou non, il est possible de retirer des bénéfices certains de ce type d’emploi. En effet, passer d’un emploi à un autre crée de nombreuses situations d’apprentissage et une chance unique pour un individu de multiplier ses expertises. Les parcours d’emplois atypiques favorisent également le développement de compétences personnelles recherchées par les employeurs : gestion du stress, créativité, polyvalence, flexibilité et capacité d’adaptation.

Ce qui importe avant tout, c’est que le client évolue dans un emploi qui corresponde non seulement à ses intérêts et compétences, mais qui respecte également ses besoins et son profil personnel. Une analyse approfondie du profil de la personne, en considérant ses forces, ses limites, ses particularités, ses ressources personnelles et les différents facteurs de risques est donc nécessaire, afin de pouvoir l’orienter vers un emploi qui puisse lui corresponde. Atypique ou non.

[1] Gouvernement du Québec, 1998

[2] Alliance de recherche universités-communautés, 2014.

Une collaboration d’Elisabeth Cleary, agente de projets chez SPHERE.

Crédits photo: IStock.


For around twenty years, structural transformation in the economy, high speed change in communication methods and an increasing number of higher education graduates have created new ways of organizing work and production, transforming the job market.[1] We have seen non-standard employment grow in popularity: fixed-term contractual employment, temporary jobs, part-time work, multiple jobs, self-employment and internships.

Such a non-standard employment climate can be a source of insecurity for individuals who have to learn to live in precarious economic conditions with frequent job changes, periods of unemployment, few benefits and less income security. It’s particularly true for people facing professional challenges due to a physical, mental or intellectual condition.

In addition to difficulties with employment integration, the insecurity of non-standard employment usually generates a lot of anxiety. The decision to work for a personnel agency can also create a form of exclusion for workers. They may not benefit from opportunities to mix with staff like in a permanent job. Also, their employment status can result in « second class » treatment from co-workers[2]. The obstacles seem huge when considering employers’ growing demands for skilled labour, as well as fiercer competition among job seekers.

Facing such challenges, people with disabilities may need a job search and a custom employment integration plan, either for psychological support or for putting more energy into promoting – even more than other candidates – their skills and occupational strengths.

However, non-standard employment shouldn’t be viewed as an automatic obstacle to integration and job retention for people experiencing a professional disability situation. On the contrary, many job profiles can match better their particularities and needs. For example, a person who tends to tire easier might be more effective and work better in a part-time job. Self-employment or working from home are also interesting options for people with physical limitations.

In addition, for those who can overcome the negative aspects of non-standard employment, living a disability situation or not, it’s possible to benefit from the jobs. In fact, going from one job to the next gives you an opportunity to learn and a unique way to broaden your expertise. Of course, non-standard jobs are also a place to develop personal skills sought by employers: stress management, creativity, versatility, flexibility and adaptability.

What matters most of all is that clients work at a job matching not only their interests and skills, but also their needs and personal profile. A thorough profile analysis, considering strengths, limitations, peculiarities, personal resources and different risk factors is necessary for guiding people to a good fit, non-standard or regular.

[1] Gouvernement du Québec, 1998

[2] Alliance de recherche universités-communautés, 2014.

A contribution of Elisabeth Cleary, Project Officer at SPHERE.

Photo Credits: IStock.