(English follows) – Il est reconnu que l’éducation postsecondaire améliore significativement la chance d’obtenir un emploi bien rémunéré, avec des conditions avantageuses, et d’avoir une vie professionnelle qui permet de s’épanouir. Il est aussi généralement admis que l’éducation postsecondaire diminue les obstacles pour entrer sur le marché du travail et ainsi, accéder au statut de citoyen « productif ». Bref, la clé qui ouvre LA porte. Mais qu’en est-il pour les personnes en situation de handicap?

L’enquête canadienne sur l’incapacité menée par Statistique Canada en 2012 (Profil des expériences sur le marché du travail : adultes canadiens de 15 ans et plus ayant une incapacité) mentionne que :

« Plusieurs facteurs influent sur la relation entre l’incapacité et l’emploi. Les personnes ayant une incapacité qui possédaient un haut niveau de scolarité étaient beaucoup plus susceptibles d’avoir un emploi que celles qui avaient fait des études moins avancées. L’écart sur le plan de l’emploi entre les personnes ayant une incapacité et les autres canadiens étaient moins prononcés chez les diplômés universitaires ».

Bien. J’aurais pu vous abreuver de nombreuses statistiques, mais j’ai préféré vous parler de la vraie vie. En 1986, quand je suis entrée à l’université, les statistiques et mon optimisme légendaire me nourrissaient. J’ai beaucoup appris depuis. J’ai une maitrise en orientation et un baccalauréat en administration. J’ai aussi une maladie neuromusculaire.

J’ai toujours pensé que la formation était mon meilleur outil pour intégrer le marché du travail et m’y maintenir. J’aimais étudier, j’aime encore beaucoup apprendre. Par contre, mes diplômes n’ont jamais été la clé magique pour ouvrir toutes les portes.

La période de transition entre l’université et le marché du travail, lors de la recherche d’emploi, constitue un voyage périlleux. C’est comme la recherche de l’or du Klondike! Est-ce que j’écris dans ma lettre de présentation à un employeur que je me déplace en fauteuil roulant? Comment puis-je faire pour expliquer mon retard à l’entrevue parce que j’ai été oublié par le transport adapté? Comment puis-je présenter tous ces obstacles à un employeur potentiel sans me disqualifier du processus de sélection ? Au fond, ne devrais-je pas savoir tout ça? Je suis conseillère en orientation après tout, non? STOP!… Je pense que j’ai besoin d’aide…

Je sais maintenant qu’à cette époque, j’ai été mon principal obstacle. Oui, j’avais de bons outils pour intégrer un emploi : de bonnes études, une motivation à toute épreuve, la facilité à entrer en contact avec les autres, l’autonomie, etc. Est-ce l’orgueil, l’impression d’être invincible, qui a fait que je ne voulais pas demander d’aide plus tôt? Sans doute, tout ça à la fois. Reconnaitre que j’avais besoin d’aide ne m’enlevait rien. Au contraire, j’ai gagné de nouveaux outils : une meilleure connaissance des programmes et des services existants, une prise de conscience de l’impact de mes difficultés sur mes démarches de recherche d’emploi. Ces nouveaux outils m’ont permis d’être plus confiante, plus à l’écoute des réticences des employeurs et d’être proactive dans la recherche de solution. J’ai compris que l’optimisme et mes diplômes étaient de bons outils, mais n’abattaient pas tous les obstacles.

Je suis fière de mon parcours, passionnée par le travail que je fais et je suis toujours aussi optimiste face à la vie!
Une collaboration de Nancy Moreau, directrice, SPHERE. Crédits photo: Thinkstock.


Everyone knows that a post-secondary education significantly improves your chances of landing a well-paid job with great conditions and the potential to thrive. It’s also understood that a post-secondary education opens up the labor market and elevates you to « productive » citizen status. In short, the key that opens THE door. But what about people experiencing a disability situation?

A Statistics Canada report, Canadian Survey on Disability (CSD), 2012 (A Profile of the Labour Market Experiences of Adults with Disabilities among Canadians aged 15 years and older, 2012) states the following:

“Several factors affect the relationship between disability and employment. People with disabilities with higher levels of education were much more likely to be employed than those with less education. The employment gap between those with and without disabilities was smaller for university degree-holders.”

I could bombard you with a lot of statistics, but I prefer to talk to you about real life. In 1986, when I started university, I was filled with statistics and boundless optimism. Since then, I’ve learned a lot. I have a M.A. in Career Counselling and a B.A. in Administration. I also have a neuromuscular disease.

I always thought that my education would ensure access to the labor market and keep me there. I liked studying then and I still do. However, my education did not serve as the magic key to open all the doors.

The job search transition period between university and the labor market is a perilous journey. It’s like panning for gold in the Klondike! Do I include in my cover letter that I need a wheelchair to move around? How do I explain that I’m late for the interview because paratransit forgot me? How do I present obstacles like these to a potential employer without losing out in the selection process? But wait, don’t I know this already? After all, I’m a Career Counsellor, right? STOP! … I think I need help…

I wish I knew then what I know now. I was the main obstacle. Yes, I had great tools to get a job: a good education, unfailing motivation, I was friendly, independent, etc. Was it pride, the feeling of invincibility that prevented me from asking for help sooner? Probably it and more. Accepting my need for help wouldn’t have cost a dime. On the other hand, I gained new tools: better knowledge of existing programs and services, as well as awareness of how my difficulties impacted my job search efforts. The new tools enabled me to be more confident, more understanding of employer reservations and to seek solutions proactively. I learned that my optimism and diplomas were assets, but they could not overcome every obstacle.

I’m proud of my journey, passionate about my work and I’m still optimistic about life!

A contribution of Nancy Moreau, Executive Director, SPHERE. Photo credits: Thinkstock.