(English follows) – Plusieurs situations peuvent faire en sorte qu’une personne ne puisse travailler pendant une longue période. Dans plusieurs cas, les troubles de santé mentale sont en cause. Ce fut mon cas.
Ce fut difficile. Je me suis sentie abandonnée. Je suis ce type de personne très motivée à faire avancer les nouveaux projets, qui donne beaucoup, à en oublier de respecter mes limites. Alors que les conditions n’étaient pas favorables pour me supporter adéquatement dans mon travail et suite à plusieurs difficultés rencontrées dans ma vie personnelle, je me suis un jour épuisée. Diagnostic : trouble d’adaptation.
J’avais tout donné à une entreprise que j’adorais et je me retrouvais seule chez moi, à tenter de recouvrer ma santé. Malgré la forte déprime, la perte d’énergie, l’anxiété et le mal-être que j’ai rencontrés, j’ai compris bien des choses. J’ai profité de cette expérience pour apprendre sur moi et sur le monde du travail, non sans aide professionnelle et en acceptant de prendre une médication qui m’aiderait à surmonter les épreuves.
Il était crucial que je fasse ces apprentissages pour trouver un meilleur équilibre et ainsi m’épanouir au travail. J’ai appris à mettre à profit ma motivation et ma détermination, tout en m’assurant d’en conserver suffisamment pour mes projets personnels. J’ai appris à lâcher prise lorsque je sens qu’il y a trop de résistances pour avancer. J’ai appris à nommer mes besoins tout en proposant des solutions réfléchies et créatives.
Mais après un épisode comme celui-ci, le retour au travail peut devenir très anxiogène. Par ailleurs, c’est connu, plus l’absence du marché du travail est longue, plus l’anxiété reliée au retour est grande.
En tant que professionnelle de l’employabilité auprès de personnes qui vivent des situations handicapantes et pour l’avoir vécu moi-même, je suis particulièrement sensible à l’aspect d’anxiété qui peut accompagner un retour au travail après une absence prolongée. En ce sens, je tends à bonifier le soutien au client dans ses démarches de retour en emploi par des mesures complémentaires. Par exemple, comme l’accès à un suivi psychologique est difficile dans le réseau public, je propose parfois de défrayer des séances en psychothérapie au privé pour aider la personne à consolider ses compétences et adresser ses difficultés en période d’intégration en emploi. Je remarque que cet ajout est grandement apprécié et permet à la personne de développer des outils durables, pour se sentir bien en emploi.
Un suivi en ergothérapie, avec une travailleuse sociale ou une psychoéducatrice pourrait aussi être remboursé lorsque nécessaire. D’ailleurs, j’ai pris l’habitude d’inviter mes partenaires à me faire part des besoins de la personne afin de vérifier si nous pourrions soutenir financièrement certains d’entre eux. Ainsi, nous pouvons maximiser les retombées générées par le soutien offert, dans une période déterminante de son développement personnel et professionnel. Plusieurs autres avenues sont également possibles. Une bonne piste est d’en discuter avec l’un ou l’une de mes collègues chez SPHERE. Deux têtes valent mieux qu’une.
Aujourd’hui, je suis très fière de contribuer à l’intégration en emploi des personnes en situation de handicap. Je crois profondément que nous participons au développement d’un monde de plus en plus inclusif et sensible.
Et suite à mon cheminement : je ne me suis jamais sentie aussi heureuse de travailler.
Une collaboration de Noémie Dubuc, Agente de projets, SPHERE
Crédits photo: Thinkstock
There are several reasons a person may not have worked for a long time. In many cases, mental health issues are involved. This was my case.
It was difficult. I felt abandoned. I’m a highly motivated kind of person who pushes forward new projects, who gives a lot, without respecting my own limits. Because conditions were not great for receiving proper support at work and following several problems in my personal life, one day I felt burned out. Diagnosis: adjustment disorder.
I had given everything to a company I loved and I was alone at home, trying to recover my health. Despite the severe depression, loss of energy, anxiety and unhappiness, I learned many things. Through the experience, I discovered a lot about myself and the world of work, not without professional help and agreeing to medication to help me get back on my feet.
I had to undergo the difficulties to balance and function better at work. I learned to take advantage of my motivation and determination, while making sure to keep enough for my personal projects. I learned to let go when I feel too much resistance. I learned to assert my needs while offering thoughtful and creative solutions.
However, after an experience like I had, returning to work can create a lot of anxiety. Furthermore, it’s well-known the longer you are away from the labor market, the greater the anxiety.
As an employment professional working with people experiencing a disability situation and a person who experienced it first hand, I am particularly aware of the anxiety of returning to work after an extended absence. Thus, I tend to supplement the support provided to clients for their return to work with complementary measures. For example, as access to counseling for the public is difficult, sometimes, I propose paying for private psychotherapy sessions to help the person consolidate their skills and address difficulties during the employment integration period. The measures are really appreciated and allow the person to develop solid tools, leading to on-the-job well-being.
A follow-up with an occupational therapist, a social worker or a psycho-educator could be paid when necessary. Also, I tend to invite collaborators to make me party to the person’s needs to see if we can financially support some of them. Thus, we maximize the benefits generated by support in a decisive time of their personal and professional development. Several other avenues are also possible. It’s a great idea to talk about them with one of my colleagues at SPHERE. Two heads are better than one.
Today, I am very proud to help with the employment integration of people experiencing a disability situation. I believe very much that we are helping build increasingly a more inclusive and sensitive world.
And as for my journey, I have never felt happier about working.
In collaboration with Noémie Dubuc, Project Officer, SPHERE
Photo credits: Thinkstock