En raison de la pénurie de main-d’œuvre qui sévit dans plusieurs régions du Canada ou catégories d’emploi, le domaine du soutien à l’emploi risque d’être (si ce n’est pas encore le cas dans votre région) très sollicité. Il est également fréquemment mis de l’avant dans les médias et plusieurs grandes entreprises innovantes comme une solution à cette pénurie. Il s’agit d’une excellente nouvelle pour les chercheurs d’emploi éloignés du marché du travail, les employeurs et les communautés. Mais il s’agit aussi d’une bonne nouvelle pour tout le réseau du soutien à l’emploi au Canada. Car malgré le fait que le travail de soutien réalisé par tous les professionnels liés au domaine soit exceptionnel et change des vies, celui-ci n’est pas toujours reconnu à sa juste valeur, et les outils manquent parfois pour faciliter le travail de ces derniers.
Que ce soit les professionnels du soutien à l’emploi comme les conseillers en emploi, en orientation, les ergothérapeutes, ou encore les employeurs, les professionnels des ressources humaines, de la santé, de la réadaptation, de l’éducation ou autres, tous ont d’abord débuté dans le domaine avec bien peu de connaissances sur le sujet : c’est qu’il est actuellement impossible pour tous ces professionnels d’arriver formés pour pouvoir soutenir tous types de handicaps confondus. Car chaque besoin est unique, et doit être solutionné par des adaptations tout autant uniques. J’ai récemment entendu parler d’un projet d’adaptation de production acéricole : ce n’est pas le genre de dossier que l’on voit passer plusieurs fois dans une vie!
Chaque chercheur d’emploi requérant du soutien exige donc du professionnel un travail nouveau à chaque fois, qui demande souvent beaucoup de créativité, une bonne capacité d’écoute, des connaissances très étendues et sans cesse renouvelées du marché de l’emploi, des lois et programmes provinciaux et fédéraux, des besoins des employeurs, une grande intelligence émotionnelle… bref, le domaine du soutien à l’emploi est, règle générale, une spécialité développée par les divers intervenants dans le cadre d’un cheminement professionnel, un apprentissage en continu qui demande beaucoup de volonté, car empruntant un tracé qui n’est actuellement pas commun à tous. Un vrai travail de héros, relativement méconnu.
Le fait pour les employeurs d’avoir besoin de s’enquérir de plus en plus des services de professionnels de soutien à l’emploi et de fréquemment exposer ce domaine médiatiquement est donc une opportunité qu’il importe de saisir. Une occasion, si ce ne l’est déjà fait dans votre région, de faire un pas en avant vers une reconnaissance officielle du travail en tant que spécialité. Une reconnaissance qui permettrait de mettre la table pour le développement de formations, outils, certifications ou autres, pour le bénéfice de tous. D’ailleurs, vous l’avez peut-être senti, mais le vent souffle très fort en ce sens : des réseaux s’organisent, des forums de discussion jaillissent, des communautés de pratique émergent, les organisations touchées de près ou de loin par le sujet s’entraident, les connaissances circulent, des outils et des formations sont développés localement, des ponts sont bâtis. La mise en commun des connaissances qui risque de s’en suivre est également une opportunité inouïe de construire les fondations de cette spécialité, en matière de bonnes pratiques.
Continuons donc de mettre en valeur l’excellence du travail réalisé par les professionnels du soutien à l’emploi, ces héros parmi nous : leur dévouement, leur persévérance à trouver sans cesse de nouvelles solutions. Mais attention : même si nous parvenons à leur faire obtenir la reconnaissance et les outils qu’ils méritent pour faciliter leur travail, gardons tout de même toujours en tête que chaque personne est unique, et que notre devoir est de proposer aux chercheurs d’emploi des solutions tout aussi uniques.
Une collaboration de Caroline Pouliot, coordonnatrice aux communications, SPHERE.
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