Photo: Jean-François Desgagné
Source: Karine Gagnon, Le Journal de Québec, 24 juillet 2016
Quelques années après un infarctus prématuré, qui a mis fin à une fructueuse carrière de pilote d’avion, Alan Heart réalise un vieux rêve qui est aussi devenu son exutoire, avec le lancement de son premier album.
Alan Heart, nom d’artiste d’Alain Larouche, de Québec, aurait eu toutes les raisons de s’effondrer après la dure épreuve que la vie a placée sur son chemin. L’année de ses 40 ans, au sommet d’une belle carrière d’instructeur et de commandant de bord qui l’a mené en Amérique du Sud, dans les communautés autochtones du Grand Nord et au Japon, le pilote respirait le bonheur et l’ambition.
Jusqu’au jour où un infarctus l’a fait passer à un centimètre de la mort. Le pilote avait passé la soirée chez des amis, il avait pris une bière et il a commencé à être très malade en arrivant chez lui.
«J’ai pensé que je m’étais empoisonné et je n’ai pas mangé pendant une semaine», se souvient celui qui n’a pas soupçonné le problème cardiaque sur le coup, malgré une douleur dans la poitrine et dans le dos, et des étourdissements.
Les mois suivants, son état de santé ne s’était pas vraiment amélioré. Il était souvent malade, très fatigué, mais mettait le tout sur le compte de son emploi du temps chargé au travail. Épuisé, de mauvaise humeur, il a fini par être remercié par l’entreprise d’aviation qui l’embauchait alors.
Puis il a trouvé un nouvel emploi comme commandant au sein d’une autre compagnie. C’est lors des examens de santé, le lendemain de l’obtention de son poste, que son monde s’est effondré.
Proche de la mort
Une longue cicatrice s’est formée sur son cœur, qui ne fonctionne plus qu’au tiers. Un tuteur a été mis en place afin de lui permettre de fonctionner, en vain. Il a donc fallu avoir recours à un défibrillateur interne équipé d’un cardiostimulateur (pacemaker) qui contrôle le rythme cardiaque en cas de problème.
Rêve de jeunesse
Au cours de ce sombre épisode de sa vie, Alan Heart s’est retrouvé à la rue et il a dû retourner vivre chez ses parents. Mais plutôt que de sombrer dans le désespoir, il a rebondi pour réaliser un rêve de jeunesse, celui de faire de la musique.
Il avait «testé son talent» quelques années auparavant en participant au concours américain Song of The Year avec sa pièce Later Dream. Il avait été retenu comme finaliste. Par la suite, il avait enregistré quelques trames dans un studio de Toronto. Son métier de pilote l’occupait déjà beaucoup. Aussi avait-il mis ses projets musicaux sur pause.
La période qui a suivi son hospitalisation l’a toutefois amené à ressortir sa guitare et à composer de nouvelles pièces. Puis le rêve a lentement pris forme.
Un album
Il a suivi une formation en démarrage d’entreprise dans le domaine du spectacle, où il a notamment rencontré Michel Loranger, des productions Belzébuth. Ce dernier l’a encouragé à persévérer et SPHERE-Québec a accepté de financer la production d’un album, intitulé My Time.
Les 10 titres anglophones ont été enregistrés cet hiver au studio Le Bunker, à Donnacona.
Un premier single de style rétro, Out of Control, a tourné dans une quarantaine de stations de radio au pays. L’album est distribué mondialement par Believe Digital. Un vidéoclip est également en production pour un second extrait, intitulé The Girl I Know. Enfin, une tournée pancanadienne est dans l’air.
«On a toujours deux choix», dit-il, espérant que son expérience permettra à des gens de réaliser qu’il est toujours possible de se relever et de toucher à nouveau au bonheur.